2009 - Technique - "ÉCLATS" PAS À PAS
ÉMERGENCE D'UNE TOILE
Voici, en quelques photos, les principales étapes de réalisation de l’œuvre intitulée "Éclats". C'est une huile sur toile de 92 x 65 cm en lin fin quatre couches montée sur châssis à clés (bois). L'élasticité de la toile bien tendue me facilite la pose des fonds. Tirer à la brosse les dégradés qui deviendront mes ciels étoilés est une expérience plaisante. Le contact du pinceau sur le support est légèrement amorti par l'élasticité de l'ensemble, ce qui permet d'obtenir des effets intéressants dans les fondus entre les couleurs. Parfois, émergent de ces entrelacements des formes extraordinaires auxquelles je ne m'attends pas. Quand je m'en aperçois, je réalise que quelque chose en moi a fait émerger dans un endroit de l’œuvre une forme d'harmonie indicible. Ce sont ces moments extraordinaires que j'aime quand je peins, parce que là, dans ces petits instants d'abandon total, absolument rien n'est contrôlé. Je me sens alors empli de mystère et une immense joie s'empare de moi. Moins je pense à ce qui se passe, plus ces harmonies ont des chances de surgir. Il suffit simplement d’œuvrer dans une confiance absolue, d'être certain que tout va aller, sans même avoir aucune idée de la manière dont va se dérouler l'exécution de l’œuvre.
Le défi le plus grand que le mental doit relever est certainement de pouvoir s'abandonner lui-même au silence. Là, réside la clé de l'éveil de la conscience dans l'être humain, et l'art de peindre peut parfois y conduire.
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Le Dessin
Avant de commencer la peinture, je me focalise à fond sur le dessin parce qu'il permet avant tout de fixer rapidement les premières impressions.
C'est à ce moment-là que tout se décide.
C'est la base sur laquelle va émerger le tableau et c'est donc important de travailler sur cette mise en place car je peux saisir, par l'essentiel des contours, les zones d'éclairement puis les ombres.
Tant que le dessin n'est pas complètement positionné sur la toile, je ne commence pas à peindre.
Je l'élabore de manière à pouvoir sentir l'harmonie générale qui va se dégager de l'image.
Tout en dessinant et en positionnant les différentes scènes, je suis à l'écoute en permanence de mes sensations intérieures, de mon ressenti pour l’œuvre, et je guette le signal qui va signifier que la mise en place est terminée.
Tant que le dessin n'est pas entièrement satisfaisant, inutile de commencer à peindre faute de quoi des difficultés peuvent survenir quand vient le moment d'étaler la couleur.
C'est plus facile de reprendre un dessin qui ne convient pas tout à fait plutôt que de corriger une peinture.
C'est l'expérience qui me confirme ce fait.
Grâce à l'expérience contemplative, je peux superposer mentalement des couleurs au dessin.
Je peux alors avoir intérieurement un aperçu de la profondeur de l'ensemble, ce qui m'aide à régler la composition.
Selon le besoin de représentation, je construis mes scènes de différentes manières, soit en les recopiant d'après des modèles existants 2D ou 3D, soit en les imaginant mentalement, soit en décalquant des visions intérieures.
Quand je dessine sur une toile, j'utilise la mine d'argent et des crayons de couleurs relativement gras pour faire mes premiers marquages.
Pour indiquer l'emplacement d'une source lumineuse directe, par exemple un soleil visible, j'utilise le crayon de couleur pour placer ses gabarits.
Ici, ce sont des cercles concentriques jaunes clairs tracés au compas.
Ils sont destinés à guider l'étalement de la lumière par dégradés successifs.
Je prends donc un crayon qui se rapproche de la couleur de la lumière qui doit être peinte, ce qui permet de recouvrir facilement les traits une fois que le glacis est posé.
Photo 1, © François SCHLESSER
Cette image en noir & blanc montre un détail du dessin sur la toile.
Ce qui semble être du crayon noir est en fait le gabarit des principaux objets dessinés aux crayons de couleur jaune clair pour les étoiles et orange pour planète et anneaux, puis mine d'argent pour les pierres (l'image est traitée pour faire volontairement ressortir à l'écran les tracés en noir).
Photos 2, © François SCHLESSER
Voici un autre exemple de détails réalisés avec un crayon de couleur orange. Ils représentent les contours de deux galaxies.
Puis, vient le moment où je vois que le dessin est terminé.
Le signal de fin se manifeste sous une forme bien caractéristique que j'ai appris à reconnaître.
Je suis satisfait de ce que je viens de mettre en place et je ne vois plus quoi ajouter.
Le dessin me plaît beaucoup et je vibre de joie.
Un vide se fait sentir en moi, et je sais que je dois passer à la phase de colorisation.
Avant de commencer la couleur, j'entre dans une période de contemplation du dessin.
Je me positionne devant, confortablement assis, et pendant un temps incroyablement long je pars dans un voyage intérieur dont l'intensité est proportionnelle à l'harmonie que dégage la composition de l'esquisse.
C'est comme-ça que j'aime goûter à mon travail lorsqu'il me plaît vraiment.
Si le dessin m'enchante intégralement, je sais alors que la toile sera réussie, j'en ai la certitude absolue, même si certains passages dans la toile exigent d'être peint à l'aide d'effets que je n'ai jamais employé jusque-là.
Ce qui compte pour moi est d'avoir pu extérioriser le schéma de la vision intérieure, peu importe si celle-ci requière pour être peinte une connaissance technique que je n'ai pas encore, ce n'est pas un obstacle.
Dans ce cas, je sais qu'un enseignement correspondant va se manifester à mesure du besoin.
J'ai confiance en le fait que l'univers va réagir en apportant de l'aide.
Je sais déjà qu'il va me communiquer ce que je dois connaître pour chaque instant au cours de la matérialisation de l’œuvre.
Ce processus de création est naturel et fonctionne en permanence.
L'univers semble être fait ainsi. Avoir conscience de ce mode de fonctionnement agit en amplificateur universel de manifestation pour la cristallisation de la pensée dans la matière.
Autrement dit, plus je suis conscient que le principe créateur fonctionne comme ça, plus il se manifeste.
LA COULEUR
Le matériel dont j'ai besoin pour peindre à l'huile est classique : Un chevalet d'atelier, une palette en bois, des pinceaux en formes de brosses semi-rondes et en pointes, de l'huile d’œillette et de lin pour le liant, puis des tubes de peinture à l'huile extra fine. J'utilise très peu de matière et peins le plus possible en glacis sur une surface complètement lisse. Je n'utilise pas l'aérographe. Je ne connais pas cet outil qui me semble trop compliqué pour moi. Je préfère rester le plus sobre possible. Le contact de la toile via le pinceau me semble suffisant.
Cependant, il m'arrive parfois de peindre avec les doigts ou la paume de la main ou même avec un chiffon pour réaliser certains effets de brouillards ou de fondus.
D'abord, je commence par préparer les mélanges de couleurs que je destine pour le fond du ciel. C'est par là que je décide de commencer car c'est le fond du tableau qui va déterminer la lumière indirecte globale qui doit se retrouver projetée dans les ombres en plus ou moins grande proportion. Je prépare donc mon cocktail qui me servira jusqu'à l'achèvement de l’œuvre.
Ensuite, je prépare la couleur de la lumière directe avec son dégradé de couleur qui en résulte. Cette lumière sera émise par les six plus grosses étoiles de l'amas local positionné dans la composition. Les deux galaxies seront peintes à partir de cette même lumière qui n'aura aucune influence sur la scène, car suggérée trop lointaine. Là aussi, les couleurs qui composent la lumière directe émise par les six soleils resteront la référence de base pour l'éclairement des planètes, des nuages, des brumes et des débris interplanétaires.
Voilà, tout y est. Le dessin est ok, les lumières directes et indirectes sont préparées, je commence à peindre. Ah oui, j'oubliais quelque chose d'important... la musique. Je mets mon casque audio et entre dans l'univers de mes musiciens préférés. C'est curieux mais souvent quand je peins, j'ai l'impression d'être sur scène avec eux et je trouve ça formidable. Certains d'entre eux parviennent à me communiquer quelque chose qui provient de leurs inspirations et je m'en nourris vraiment. C'est avant tout vibratoire et je suis convaincu que ma peinture s'enrichit grâce aux dimensions sonores dans lesquelles j'entre avec elle.
Photo 3, © François SCHLESSER
Je commence par le fond de l’œuvre. J'étale les mélanges et le ciel profond commence à apparaître.
Mes mélanges de base sont déjà préparés et à mesure que le pinceau glisse sur le support, je mélange des nuances de différents tons pour obtenir les fondus des premières brumes profondes.
Une topographie du ciel émerge alors et je suis exalté par ce que je découvre.
Une première difficulté se présente à l'approche des zones réservées à la lumière des étoiles.
Il faut savoir que plus une source est lumineuse, moins nous voyons les détails qui passent devant et plus ces détails prennent la couleur de la lumière qui les efface par effet d'éblouissement.
Je contourne donc pour l'instant les abords des étoiles avec mes mélanges de fond, réservant le traitement des dégradés de lumière pour un peu plus tard.
Je prends bien garde à ne pas recouvrir le bord extérieur des anneaux planétaires car je vais avoir besoin du gabarit pour leur appliquer leur couleur propre.
Ce que j'aime quand je suis dans la phase de création des fonds du tableau, c'est que j'ai l'impression assez souvent d'avancer dans un domaine d'abstraction, car même si je suis conscient que les formes que je crée sont destinées à la représentation concrète, je les vois jaillir comme des représentations abstraites.
Des harmonies s'assemblent d'elles mêmes par mélanges successifs.
Apparemment, elles se produisent complètement en dehors du contrôle de la pensée et souvent ne prennent leur réelle signification que lorsque l’œuvre est complètement terminée.
Cela m'a très souvent intrigué, et je suis resté longtemps interrogatif.
Ma raison ne comprenait pas comment cette forme de communication qui semblait émerger de strates enfouies au plus profond de l'être pouvait se manifester par la peinture (voir photo 3 ci-dessus).
Photo 4, © François SCHLESSER
La topographie du ciel apparaît un peu plus et les premières couleurs chaudes sont déposées à l'approche d'une étoile.
Le pinceau contourne planètes et galaxie pour continuer sa course sur la surface blanche.
Mon vrai plaisir est dans la représentation de la beauté par la couleur et la lumière.
Quand je peins, je ne pense qu'à l'esthétique de la toile.
J'aime tellement contempler les couchers de soleil sur terre parce qu'ils apportent énormément pour l'enrichissement personnel.
Ils amplifient l'émerveillement, ils élèvent la conscience par leurs beautés uniques.
Leurs lumières est une nourriture pour l'esprit, un véritable enchantement.
Ils sont à eux seuls une source d'enseignement d'une richesse extraordinaire parce c'est le coeur stellaire, c'est-à-dire le soleil en tant qu'étoile, qui exprime sa sagesse dans le monde.
Les échanges entre étoiles et planètes se font au niveau vibratoire et particulaire.
L'univers semble relié en un réseau infini et multidimensionnel d'énergie.
La zone de concentration d'énergie la plus intense pour un système local est certainement l'étoile qui a pour charge d'élever et de faire grandir les mondes qui sont en rotation autour d'elle.
Cet être stellaire contient une quantité impensable d'informations qui se sont rassemblées par les interactions entre phénomènes naturels pour une raison qui nous dépasse mais qui n'est sans doute pas dépourvue de sens, d'intelligence et de conscience.
Il y a un mystère dans le gigantesque coeur rempli d'informations lumière d'une étoile.
Les informations énergétiques qu'envoie le soleil sur terre et ailleurs sont sous forme de lumière visible mais aussi sous forme de lumière subtile invisible et sous de multiples formes de rayonnements.
Tous ces transferts de données partent d'un coeur central et se propagent dans toutes les directions et sans doute dans toutes les dimensions, même celles qui nous sont totalement inconnues.
Il serait logique de penser que l'émission se fait dans l'espace-temps et au-delà.
C'est parce que je sais qu'une étoile est un être important dans l'univers que j'aime les peindre et en mettre partout dans mes toiles.
Photo 5, © François SCHLESSER
Le milieu interstellaire se matérialise, les contours des objets apparaissent et la couleur de la lumière de trois étoiles est posée.
Ici, il s'agit de réaliser les dégradés circulaires avec les différentes couleurs de lumière qui vont matérialiser les étoiles principales.
C'est une phase délicate à faire parce qu'il faut fondre couleurs chaudes avec couleurs froides.
Mais il faut surtout réaliser le plus régulièrement possible les dégradés circulaires en mélangeant bande par bande les couleurs de foncé à clair.
L'effet réussi doit donner des sources de lumière.
Ici, ce sont ces sources qui vont déterminer l'impression lumineuse globale.
Le temps de séchage de la peinture à l'huile est aussi un paramètre dont il faut tenir compte dans le traitement de la surface.
Certaines couleurs doivent être mélangées lorsqu'elles sont encore fraîches, d'autres lorsqu'elles sont presque sèches (voir photo 5 ci-dessus).
Photo 6, © François SCHLESSER
La première couche de nuances bleutées révèle maintenant une trame qui peu à peu donne le ton global de la scène.
La couleur orange jaunâtre des étoiles en premier plan réchauffe ces bleus qui se métamorphosent progressivement en gaz éclairés.
Ici, les dégradés de deux étoiles sont pratiquement posés. La planète centrale est noyée dans la lumière d'un soleil qui émerge juste au-dessus de son limbe.
Les contours qui avoisinent l'étoile sont effacés par l'intensité lumineuse. Mais il reste encore des zones blanches.
Lorsque la couleur viendra les recouvrir, chaque objet commencera alors à s'intégrer dans la scène, faisant apparaître progressivement les profondeurs.
L'enduit blanc de la toile peut servir de référence lumière, ce qui est très intéressant pour pousser au maximum les futurs contrastes.
Sa blancheur est intense et sera utilisée dans les sources de lumières stellaires.
Je décide donc de ne pas peindre les centres des grosses étoiles afin de renforcer au mieux l'effet d'éblouissement qui surviendra lorsque les rapports de contrastes seront équilibrés (voir photo 6 ci-dessus).
Dans ces moments de conception, il est important de conserver mentalement la vision de l'ensemble de la composition pendant qu'elle est entrain d'émerger.
C'est là que l'imaginaire et les capacités à élaborer des modèles mentaux doivent intervenir.
Plus la mémoire de la vision globale reste nette, plus elle est reproductible.
Donc, tous les moyens sont bons pour que soit conservée son empreinte pendant le temps nécessaire à sa révélation sur le support (mémorisation mentale, textes, photos, films, sons, musiques, ordinateurs, etc...).
Pour moi, la vision globale est une sorte de construction mentale issue d'un ou plusieurs flashs intérieurs que j'intègre en un panorama dont la structure est parfois fortement mouvante pendant l'élaboration de l’œuvre.
En effet, chaque toile a également, en plus de sa tendance visionnaire, une phase importante de peinture automatique, donc complètement inconsciente, et qui vient s'enchevêtrer dans le produit "vision/imagination".
Photo 7, © François SCHLESSER
Tout en appliquant des jus transparents en glacis sur le fond bleuté, d'autres lumières stellaires se positionnent, quelques planètes se vêtissent de leurs couleurs propres,
deux galaxies naissent, et les plus gros astéroïdes sont placés.
Les gaz apparaissent à mesure que le pinceau ajoute les jus transparents.
Le fond du tableau est important car c'est lui qui va projeter ses tonalités sur les ombres des objets qui seront en avant-plan.
J'adore ce moment où je vois se révéler des effets inattendus.
Parfois les paysages qui émergent sont sublimes.
Ils m'inspirent d'autres tableaux ou me provoquent d'autres visions.
Je sais alors que l'acte créateur ouvre vraiment sur l'infini et je suis émerveillé par cette dynamique universelle.
Il suffit de se mettre au travail, de faire le premier pas, de réaliser la première étape qui nous apparaît nécessaire, et l'univers répond en envoyant la suite de la procédure créative, dévoilant pas à pas ses secrètes directives en inspirant celui qui se donne sans retenue au jeu de la création (voir photo 7 ci-dessus).
Là encore, tout montre qu'il faut d'abord donner pour pouvoir ensuite recevoir.
Ce principe universel s'applique à tout type de création dans l'univers.
Même la réalité dans sa globalité semble se créer selon le même principe, comme ci le premier pas enclenchait une réponse dynamique quasi immédiate en provenance d'un résultat mémorisé dans un futur.
Sans premier pas, il ne peut donc y avoir de réponse, et celui qui ne veut pas d'abord donner ne peut pas recevoir.
Et si le processus de création dynamique de l'univers était capable de véhiculer des informations vers le passé et vers le futur afin de pouvoir organiser le présent ?
Photo 8, © François SCHLESSER
Sur ce détail, les traces du pinceau qui œuvre en finesse font apparaître les innombrables étoiles du ciel profond.
Des gaz plus proches se matérialisent pour donner l'impression de nuages interstellaires bien particuliers.
Puis, vient le moment d'éclairer les brumes avec la lumière des sources stellaires représentées dans la scène.
Je me munis de pinceaux à pointes très fines.
Certains d'entre eux ont deux formes de poils dont les effets permettent de peindre en très grande finesse.
Leurs longues pointes fines sont maintenues par un corps utilisé comme réservoir.
Grâce à cette réserve, la fréquence de rechargement est plus espacée, ce qui permet de se concentrer encore mieux sur l'essentiel à peindre.
Par le jeu des lumières, je fais naître des formes gazeuses dont la présence devient de plus en plus cohérente.
Depuis les premiers jets abstraits qui se sont déposés au passage du pinceau, et qui ont révélé le premier fond, je bascule progressivement dans la représentation concrète de masses nuageuses de gaz, que mes étoiles, loin d'être terminées, commence à éclairer.
Ainsi, la scène globale entre dans un champ de cohérence, suggérant timidement une nouvelle dimension, la profondeur.
Encore plus loin dans la profondeur, des milliards d'étoiles dansent dans la lumière de l'infini, bercées par les forces de gravitation.
Là encore, le paysage qui se révèle est parfois grandiose, car c'est bien une par une qu'elles apparaissent à la pointe de mon pinceau, comme s'il était guidé par une force infinie dont la volonté était de numériser le piqueté par mon entremise.
Une trame cosmique apparaît au fil du temps.
Là, vraiment j'aime ce que je découvre (voir photo 8 ci-dessus).
La plupart de ces micros paysages stellaires, qui en fait suggèrent des territoires gigantesques établis dans le ciel depuis des milliards d'années, me renvoient à ma profondeur, à mon infini, à mon vertigineux et éternel état d'être.
Photo 9, © François SCHLESSER
Le fond devient de plus en plus détaillé. Étoiles lointaines, galaxies, planètes, gaz et astéroïdes suggèrent de plus en plus la profondeur.
Les tonalités s'enrichissent à mesure que les couches de couleurs transparentes se déposent aux grès de l'inspiration.
La technique du glacis permet de déposer sur la toile des couches de couleurs généralement très fines les unes sur les autres.
Je peux en appliquer autant que je le souhaite.
Par exemple, une planète sera peinte avec cinq couches de mélange alors que trois couches seront suffisantes pour faire apparaître une brume de la teinte désirée.
Peindre en glacis, c'est superposer un nombre de couches dont les jus préparés contiennent un pourcentage plus ou moins grand de transparence.
La magie des couleurs se produit au moment où la lumière traverse toutes ces couches, frappe l'enduit blanc acrylique de la toile, puis revient vers l'oeil, chargée de l'ensemble des teintes plus ou moins transparentes (voir photo 9 ci-dessus).
Parfois, quand je peins, des assemblages remarquables entre couches se produisent d'eux-mêmes quelque part dans le tableau.
Quelque chose d'extraordinairement harmonieux se manifeste sans que mon mental puisse intervenir.
Une harmonie supérieure apparaît en dehors de tout contrôle.
Cherchant à comprendre comment ces phénomènes pouvaient logiquement se produire, je réalisais un jour qu'ils surgissaient la plupart du temps lorsque je ne pensais presque plus rien.
Dans ces moments, j'étais dans des états de conscience particulièrement paisibles, parfois même extatiques, comme-ci le secret de l'émergence de ces harmonies indicibles était directement lié à l'inactivité du mental.
Tout en continuant à peindre, je songe parfois à ces connexions spéciales par lesquelles sont véhiculées des informations dont la provenance semble être directement liée à une qualité d'énergie.
Des attitudes justes pourraient déclencher, parfois pendant quelques fractions de secondes seulement, une reconnexion intérieure à des dimensions plus subtiles.
Résultat, une harmonie inhabituelle se produit, et des traces exceptionnelles restent mémorisées dans la peinture.
Photo 10, © François SCHLESSER
À gauche, les teintes dominantes de deux satellites apparaissent.
Des continents verdoyants ainsi que des océans y sont visibles.
Plus tard, des couches nuageuses viendront les recouvrir partiellement.
Les anneaux de la planète centrale commencent à peine à se révéler, ainsi que son océan, ses cyclones et ses nuages.
Le fond du ciel continu à s'enrichir de teintes multiples.
Photo 11, © François SCHLESSER
La lumière des étoiles commence à éclairer la surface des anneaux planétaires ainsi que les gaz stellaires.
L'effet d'éblouissement estompe les nuages qui sont proches du limbe de la planète.
L'étoile en haut laisse apparaître un gigantesque vortex spirale qui aspire peu à peu tout son entourage.
Photo 12, © François SCHLESSER
La profondeur est renforcée par les dégradés de lumières stellaires qui apparaissent sur presque tous les gaz, nuages, anneaux, et limbes planétaires.
En même temps, je commence l'équilibrage des profondeurs. Des jus transparents viennent se poser sur les zones encore trop contrastées.
L'ensemble de la scène se positionne progressivement aux bonnes distances et l'impression globale change.
Photo 13, © François SCHLESSER
Des centaines de petits astéroïdes sont ajoutés jusqu'à perte de vue. Ils forment un couloir qui se dirige en direction des anneaux.
Les dégradés de couleurs les matérialisent en leur donnant pour chacun une orientation que je découvre en étant parfois émerveillé par la magie qui se révèle.
Plus tard, la lumière stellaire directe leur sera appliquée.
Photo 14, © François SCHLESSER
Les dégradés de lumière stellaires sont adoucis par l'application d'autres couches transparentes. Les jaune orange lumière sont désaturés à vue.
Les voiles atmosphériques et les nuages sont appliqués sur les planètes végétales, les positionnant ainsi au bon endroit dans la profondeur.
Ombre portée et éclairages directs viennent équilibrer les anneaux planétaires.
Photo 15, © François SCHLESSER
Les astéroïdes sont éclairés avec la lumière directe des étoiles. De minuscules fissures apparaissent sur leurs surfaces.
Du fait qu'ils sont au premier plan, je pousse le détail et le contraste à fond.
Photo 16, © François SCHLESSER
Reproduction de "Éclats"
Je décide de créer une version de cette toile en reproduction numérique à partir d'une prise de vue produisant un fichier numérique.
La phase de création du poster se fait sur mon ordinateur.
Pour cela j'utilise un logiciel de retouche photo approprié.
Le tableau original étant à disposition dans mon atelier, je commence la phase de correction de l'image préalablement numérisée en le comparant avec le résultat à l'écran.
Cette phase est très importante car elle permet d'obtenir une image propre, avec des couleurs et des contrastes qui se rapprochent le plus possible de l'original, et ceci avec une définition suffisante adaptée à l'impression.
Le logiciel permet également de créer autour de la photo un habillage avec du texte.
L'époque des reproductions numériques signées
Quand le modèle était terminé et conforme à mes attentes visuelles à l'écran, je décidais d'effectuer mes premiers essais pour évaluer le rendu colorimétrique sur mon imprimante.
J'avais déjà choisi un papier photo d'excellente qualité qui me permit, du fait qu'il existait en rouleau, de créer tous mes modèles de reproductions en exploitant sa largeur maximum.
Ainsi, selon la proportion des toiles vierges sur lesquelles je choisissais de peindre mes œuvres, qu'elles soient en format standard ou sur mesure, je pouvais toujours imprimer sur une surface optimum, la longueur du poster s'adaptant automatiquement par rapport aux proportions de base de la toile.
Pour terminer la phase de mise au point, je notais tous les réglages effectués pendant la création du poster pour pouvoir éventuellement reprendre certains d'entre eux pour les adapter aux nouvelles technologies qui permettront d'imprimer des reproductions de grande qualité.
Les encres pigmentées ainsi que le papier utilisés ici offraient une haute qualité de reproduction des couleurs, avec une longévité de celles-ci et une durabilité de l'ensemble vraiment intéressante face aux rayonnements ultraviolets du soleil (heureusement, nous n'en avons qu'un!!).
Photo 18, © François SCHLESSER
La reproduction est terminée, je décidais de la signer pour marquer la fin d'un très long travail réalisé dans le présent (ou presque).
Voir le page de la reproduction "Éclats"
Aujourd'hui Lola et moi avons abandonné les reproductions sur papier au profil d'un support bien plus intéressant sur Alu Dibond.
Vous trouverez quelques modèles de reproductions Alu Dibond sur Nature Céleste qui est notre site de produits d'Art Lumière.
Je souhaite à toutes et a tous de pouvoir entrer dans le présent éternel,
immuable moment magnifique où la conscience de notre être infini nous relie en un collectif d'amour, d'émerveillement, de bonheur et de joie infinie.
François
17 avril 2010 - 21:24:39